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Les systèmes d’alerte précoce: de la sagesse ancienne à la pratique moderne

 

La citadelle d’Amman. Photo: D. Bjorgen via Wikimedia Commons

 

La récente visite d’Aninia Nadig* en Jordanie l’a fait réfléchir à la manière dont les systèmes d’alerte précoce et les standards Sphère peuvent être complémentaires pour atténuer les conséquences des crises

Je me suis rendue à la citadelle d’Amman il y a quelques semaines. En me promenant dans les temples et les ruines de ce cœur historique de la capitale jordanienne, j’ai appris comment ses premier-ère-s habitant-e-s survivaient aux périodes de sécheresse qui ponctuaient inévitablement la vie d’alors. Nulle source d’eau naturelle dans la citadelle : l’eau de pluie et les eaux grises étaient ainsi collectées, recyclées et rationnées. Les habitant-e-s anticipaient la sécheresse et apprenaient à tirer le meilleur parti du peu dont ils et elles disposaient pour survivre à ces périodes de disette chronique.

Les crises humanitaires tendent aujourd’hui à durer de plus en plus longtemps. Après des années de catastrophes et de conflits récurrents, les situations qui ont débuté comme des urgences de courte durée deviennent la norme pour des communautés entières. Elles deviennent ce que les professionnel-le-s humanitaires appellent « des crises prolongées ». Dans ces circonstances, nos modes usuels de travail – faits d’interventions rapides et limitées dans le temps – ne suffiront plus.

Les standards de Sphère fournissent des lignes directrices concernant les mesures à prendre lors des premières étapes d’une intervention humanitaire. Elles portent sur la manière de veiller à ce que les communautés survivent au déclenchement d’une crise, et s’en relèvent en conservant leur dignité. Mais cela ne suffit pas. Nous devons également nous préparer à des crises potentielles, en tirant des leçons d’expériences passées et en anticipant ce qui est susceptible de se produire. Nous pourrons ainsi renforcer les communautés contre les risques auxquels elles sont confrontées et les rendre plus résilientes aux dangers qui se présentent effectivement.

 

Les crises humanitaires tendent aujourd’hui à durer de plus en plus longtemps. Dans ces circonstances, nos modes usuels de travail – faits d’interventions rapides et limitées dans le temps – ne suffiront plus

C’est en ce sens que la sagesse des habitant-e-s de cette ancienne citadelle est tout à fait pertinente aujourd’hui. Et en la mettant en application, nous disposerons d’outils dont ils et elles n’auraient pu rêver : la technologie moderne nous permet effectivement de surveiller des situations avec grand soin et de prévoir avec précision comment les choses se dérouleront. Mais bien que nous puissions savoir à peu près quand et combien de catastrophes et autres crises sont susceptibles de survenir, nous ne disposons pas toujours des structures et systèmes en place pour prendre des mesures préventives.

L’alliance des standards Sphère, de ses indicateurs et des systèmes d’alerte précoce existants fournit un excellent outil de planification. Ils peuvent aider des communautés à sauver des vies et protéger leurs moyens de subsistance et leurs possessions, et les autorités et agences d’aide sont en mesure d’intervenir rapidement, dès que cela est nécessaire (voir, par exemple, l’engagement no 2 de la Norme humanitaire fondamentale sur l’intervention efficace et fournie à temps).

Prenons quelques exemples. Les systèmes d’alerte précoce contre la famine ont un rôle important à jouer dans l’atténuation des crises d’insécurité alimentaire ou nutritive. Des causes structurelles sont souvent sous-jacentes à la sous-nutrition, qu’une intervention efficace doit pouvoir comprendre. L’information des alertes précoces doit être prise en compte dans les évaluations, la planification et la programmation des actions de sécurité alimentaire et de nutrition. Le manuel Sphère précise que, dès que possible, cette information doit être communiquée aux personnes susceptibles d’être affectées (voir le chapitre sur la Sécurité alimentaire et nutrition, standard 7.2, note d’orientation 5).

 

La technologie moderne nous permet de prévoir avec précision comment les choses se dérouleront. Mais nous ne disposons pas toujours des structures et systèmes en place pour prendre des mesures préventives

De même, le chapitre du manuel Sphère sur la Santé aborde les maladies transmissibles dans les zones fortement peuplées, telles que les villes et les villages. Il stipule : « Les rumeurs et les fausses informations se répandent rapidement dans les villages. La technologie doit être utilisée pour diffuser des informations exactes sur les soins de santé et les services. » Les humanitaires qui interviennent, poursuit le manuel, doivent chercher à obtenir le soutien de prestataires de santé spécialisé-e-s dans les systèmes d’alerte précoce et d’interventions face aux maladies transmissibles, et renforcer ainsi leurs capacités (voir les Concepts essentiels en matière de santé ; et de manière plus approfondie, les standards 1.5 et 2.1.2 des systèmes de santé). La diversité des intervenant-e-s doit être assurée, et il est préférable que les autorités locales ou nationales prennent les rênes des interventions.

Les Normes et directives pour l’aide d’urgence à l’élevage (LEGS), l’un des standards associés de Sphère, abordent également l’alerte précoce en détail. Le manuel LEGS fournit une orientation relative à l’alimentation d’urgence et au déstockage au cours des premières étapes d’alerte d’une crise.

Ce n’est donc pas comme si nous ignorions comment nous préparer et intervenir, sur la base des systèmes d’alerte précoce. Nous savons également que plus nous agissons tôt, plus nos interventions sont susceptibles d’être efficaces. Mais les interventions arrivent quand même parfois trop tard, ou sont inadaptées. Nous devrions agir dès qu’une crise est anticipée, plutôt que d’attendre qu’elle frappe.

Adoptons à nouveau les préceptes anciens sur la gestion des ressources rares, et utilisons la technologie moderne et les bonnes pratiques qui font aujourd’hui consensus et sont codifiées sous forme de standards humanitaires tels que Sphère. Et appliquons-les aux crises d’aujourd’hui. Voilà les trois ingrédients du succès.

 


*Aninia Nadig est la responsable des politiques et de la pratique de Sphère.