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Sphère a 25 ans : quel avenir pour les standards humanitaires minimums ?

La table ronde intitulée « Sphère fête ses 25 ans » organisée le 27 avril dernier par Sphère a été l’un des rendez-vous les plus attendus et qui a rassemblé le plus grand nombre de personnes de toute la Semaine des réseaux et partenariats humanitaires (HPNW) à Genève le mois dernier.

La table ronde a débuté par une intervention de William Anderson, directeur exécutif de Sphère depuis le début de l’année 2023.

« Le manuel Sphère, qui est une ressource indispensable pour des milliers d’humanitaires et de responsables des politiques, fête ses 25 ans. Souvent considéré comme un bien précieux, il figure généralement parmi les premiers objets que l’on emporte dans ses bagages, avec sa brosse à dents et son chargeur de téléphone. »

William Anderson

Vanda Lengkong, modératrice de l’événement et membre du Comité directeur de Sphère, a demandé aux spécialistes de Sphère participant à la table ronde comment avait débuté leur aventure avec Sphère.

Le premier à s’exprimer a été Nicholas Stockton, cofondateur du Projet Sphère en 1997 et premier directeur exécutif de HAP International, qui a plus tard fusionné avec People In Aid pour devenir la CHS Alliance. Il a évoqué ses expériences dans les camps de réfugiés du Rwanda à Goma, en 1994.

« Je me souviens très précisément être à bord de ce C14, ou quel qu’ait été l’avion dans lequel nous arrivions du Royaume-Uni. Nous n’étions que quatre ou cinq personnes, toutes plus ou moins en charge de la gestion ou de l’assistance technique. Tous les autres étaient des journalistes ou chargés de presse.

« Ce qui s’est passé au cours des semaines suivantes ? Tout d’abord, environ 60 000 personnes sont mortes sous nos yeux. Quelque 30 000, 35 000, du choléra. Mais la très grande différence, cette fois-là, est que cela passait en temps réel à la télévision – ce qui ne s’était absolument jamais produit auparavant. »

Nicholas Stockton

Paula Reed Lynch est directrice du bureau des politiques et de la planification des ressources au sein du Bureau pour la Population, les Réfugiés et les Migrations (PRM/PRP) du Département d’État américain.

Son bureau est responsable de la stratégie, des politiques, de la planification et de l’analyse qui sous-tendent les 4,9 milliards de dollars (exercice 2022) du budget humanitaire américain. Le PRM/PRP forme le personnel du Bureau pour la Population, les Réfugiés et les Migrations, coordonne les propositions de financement de la recherche et finance des organisations officielles d’évaluation et de « bonnes pratiques » globales, telles que Sphère.

« Il est, à mon avis, absolument essentiel d’insister sur la dignité. Qui va de pair avec la localisation. Et va également de pair avec le fait de ne pas se dire que l’on a la réponse juste parce qu’on a les standards, et que l’on sait donc exactement ce qu’il faut faire dans la communauté où l’on arrive.

« Cela veut par contre dire que l’on sait ce qui est nécessaire, et qu’il faut alors définir une marche à suivre qui soit adaptée au contexte et prenne en compte la dignité de la communauté concernée. »

Paula Reed Lynch

Susanna Davies a plus de 14 années d’expérience dans la protection de l’enfance et l’intervention humanitaire. Elle est actuellement codirigeante mondiale du groupe de travail sur les Standards minimums pour la protection de l’enfance dans l’action humanitaire (SMPE) de l’Alliance pour la protection de l’enfance dans l’action humanitaire (Alliance CPHA) et conseillère humanitaire principale pour Save the Children.

« Il est très important de souligner… que les standards humanitaires minimums ont eu un impact positif sur le paysage humanitaire depuis la première édition du manuel Sphère il y a 25 ans de cela, et j’espère qu’ils continueront ainsi. »

Susanna Davies

Tooba Siddiqi a plus d’une douzaine d’années d’expérience dans la gestion des partenariats, le plaidoyer, la mobilisation des jeunes, l’engagement communautaire et le développement des ressources. Formatrice, elle supervise également la qualité et la redevabilité au sein de Community World Service Asia (CWSA), le premier point focal de Sphère (depuis 2005) et son premier partenaire régional (depuis 2011).

« La localisation ne sera possible que si nous adoptons une posture de soutien. On ne peut pas autonomiser les personnes. On ne peut pas autonomiser les ONG. On ne peut que les aider à s’autonomiser elles-mêmes. Et nous pensons que Sphère a adopté cette posture de soutien, et non pas une posture imposant un modèle venant de l’autre côté de la frontière.

« C’est cela qui a permis des communications bilatérales soutenantes entre Sphère et CWSA… ainsi que la mise en place d’un système très réussi de points focaux à la fois régionaux et nationaux. »

Tooba Siddiqi

Gabriel Godoy Cyrilo est formateur et volontaire humanitaire pour Fraternity – International Humanitarian Missions (FIHM).

Gabriel a récemment fait l’expérience de la mise en œuvre des standards Sphère – et des standards sur la Coordination et la gestion des camps (CCCM) – dans l’État du Roraima, au Brésil, entre 2020 et 2022 alors que FIHM travaillait à la mise en place de moyens d’existence durables avec, et pour les populations déplacées, notamment du Venezuela (vidéo sur l’étude de cas).

« FIHM, aux côtés de Sphère, Save the Children et la Humanitarian Leadership Academy, font partie du programme de Sphère en Europe de l’Est. La mise en commun de nos connaissances pratiques et leur traduction théorique a été très importante, de même que l’introduction de Sphère auprès des agences et personnels humanitaires de Pologne.

« Une des personnes a même dit à la fin de la formation, je cite : Pourquoi ce manuel n’était-il pas entre mes mains il y a un an ? »

Gabriel Godoy Cyrilo

Vanda Lengkong a ensuite été demandé aux spécialistes leur opinion sur les prochaines étapes.

« La première chose que Sphère doit faire maintenant, c’est de repenser son indépendance… et comment la mettre en œuvre à nouveau pour pouvoir retourner travailler là où vous le voulez et là où on peut à nouveau vous faire confiance.

« C’est pour cette raison que vous ne pourrez pas être présents au Soudan. Et c’est pourquoi la majeure partie d’entre vous n’est pas en Afghanistan. »

Nicholas Stockton

 

« Nous devons améliorer la collecte de nos données pour qu’elle soit plus rapide, précise et interopérationnelle entre les différentes parties prenantes. Nous devons également donner la priorité à l’intégration des données dont nous disposons déjà dans les interventions humanitaires et l’élaboration des politiques.

« Les indicateurs de Sphère et ses orientations relatives au suivi ont permis à la communauté humanitaire de faire un grand pas en avant, mais il nous faut désormais davantage de données, de meilleure qualité, sur l’efficacité de l’aide humanitaire et ses résultats sur les flux migratoires, l’apatridie et les marchés fragiles. »

Paula Reed Lynch

 

« Je voudrais voir une plus grande appropriation des standards humanitaires par les acteurs et actrices aux niveaux national et local, car ce sont elles et eux qui savent comment les mettre en œuvre pour avoir le meilleur impact.

« Il existe déjà de bons exemples de cela… mais je pense qu’il faut davantage d’action dans ce domaine. Le travail collaboratif au sein du Partenariat pour les standards humanitaires est une bonne occasion de mutualiser les ressources et d’investir dans des solutions qui renforcent l’accès aux standards humanitaires. »

Susanna Davies

 

« La langue est un obstacle pour de nombreuses ONG… Elles ratent des occasions de communiquer avec d’autres organisations ou d’accéder à des webinaires et des formations lorsqu’ils ne sont disponibles qu’en anglais.

« Nous avons besoin de soutien financier et d’aide à la réflexion sur les solutions à envisager. »

Tooba Siddiqi

 

« Sphère a beaucoup fait ces 25 dernières années… mais il lui reste à faire, notamment dans les régions telles que l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique centrale. Elle peut faire bien plus encore.

« Et la langue aussi. Ce n’est pas qu’une question de traduction, comme le disait Tooba, mais bien de formulation. Il faut que le manuel soit accessible, pour que les gens le mettent dans leur sac à dos avec leur brosse à dents et leur chargeur, comme le disait William. »

Gabriel Godoy Cyrilo