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Lancement de l’édition 2018 du manuel : passé et avenir des standards humanitaires 

L’événement organisé à Genève le 6 novembre dernier a rassemblé une table ronde a donné l’occasion à des professionnel·le·s expérimenté·e·s de partager leurs réflexions sur le passé et les défis à venir des standards Sphère. Photo: Alexander Petrenko

 

« À nos débuts, nous avons vraiment eu du mal à faire publier le manuel », a déclaré Peter Walker, un des cofondateurs du mouvement Sphère. « Et il existe désormais en plus de 30 langues. La communauté humanitaire l’a adopté, se l’est approprié et l’a amélioré au cours de ses 20 années d’existence. »

La communauté humanitaire s’est rassemblée, au moment où Sphère soufflait sa vingtième bougie, pour fêter la nouvelle édition de sa publication phare : le manuel Sphère 2018. L’événement organisé à Genève le 6 novembre dernier a rassemblé quelque 200 personnes, et une table ronde a donné l’occasion à des professionnel·le·s expérimenté·e·s de partager leurs réflexions sur le passé et les défis à venir des standards Sphère.

La nouvelle édition du manuel Sphère, paru ce même jour en versions en ligne et papier, est le résultat du processus de consultations le plus étendu et le plus inclusif de toute l’histoire du mouvement Sphère. Grâce aux quelque 4 500 commentaires reçus et à la soixantaine d’événements en présentiel organisés dans 40 pays, la révision a également été l’occasion de réexaminer les pratiques humanitaires et de renforcer le sentiment d’engagement dans l’ensemble du secteur. Elle a également permis à une véritable communauté d’objectifs de se retrouver. « Nous avons pu nous concentrer sur ce que nous savons qu’il est nécessaire de faire pour sauver des vies et restaurer la dignité », a commenté la directrice de Sphère, Christine Knudsen. « Nous nous sommes appuyé·e·s sur les données probantes et les apprentissages pour aller plus loin, au profit des personnes que nous servons. »

Au cours des 20 dernières années, les standards Sphère se sont révélés un outil indispensable à la professionnalisation du secteur et à l’amélioration des mécanismes de coordination entre ses différent·e·s acteur·trice·s. Projet à durée limitée initié en 1997, Sphère s’est néanmoins fortement développé grâce aux nombreuses leçons tirées du génocide au Rwanda et de la guerre en Bosnie, à une époque où la communauté humanitaire cherchait comment améliorer la qualité de l’aide qu’elle apportait. « Dans ce temps-là, les décisions relatives à qui intervenait pour apporter quelle aide étaient totalement arbitraires », se souvient James Darcy, praticien humanitaire depuis de longues années et soutien de Sphère. « Sphère était une tentative de rendre l’aide humanitaire moins arbitraire, et de créer un cadre de redevabilité. […] Les standards ont contribué à la cristallisation d’un processus de coordination, qui a débouché sur la création des groupes humanitaires dans les années 2000 », a-t-il ajouté.

Malgré cette contribution, nombre de praticien·ne·s estiment que la voie vers une qualité et une redevabilité réelles est toujours pavée de défis de taille. Les agences trouvent que la mise en œuvre des standards Sphère est ardue dans certains contextes sensibles. Et la coordination avec d’autres acteurs et actrices humanitaires – et particulièrement les agences gouvernementales – est, elle, parfois problématique. De plus, le manque de cadres juridiques nationaux promouvant la mise en œuvre de standards humanitaires crée souvent des obstacles pour les organisations de secours.

« J’aime appeler Sphère l’”étoile Polaire” qui nous guide, mais sur le terrain des erreurs humaines nous barrent souvent la route, telles qu’un manque d’accès ou de ressources », explique Nasra Ismail, vice-directrice du Consortium d’ONG de Somalie. « Sur le papier, en termes de redevabilité aux donateurs et dans les propositions, les standards sont toujours mentionnés, mais il y a souvent une rupture entre l’application, la mise en œuvre et les références. »

« Ces dernières années, la FICR a fortement investi dans le programme sur le droit international des interventions lors de catastrophes », a poursuivi Jagan Chapagain, sous-secrétaire général en charge des programmes et des opérations à la FIRC. « L’un des principaux objectifs visés par cet investissement est la création d’un cadre juridique au niveau national, incluant les standards humanitaires. Les gouvernements sont souvent dans l’impossibilité d’appliquer des standards car ils ne disposent pas de cadre juridique sous-jacent. »

Les standards Sphère restent, néanmoins, un outil essentiel pour parvenir à des interventions humanitaires de meilleure qualité. En créant un langage commun aux différent·e·s praticien·ne·s, ces standards ont renforcé et favorisé la collaboration et les actions concertées lors de situations de crises complexes. En fournissant des standards et indicateurs concrets permettant à tous les acteurs et toutes les actrices de travailler ensemble, les standards Sphère ont encouragé à la compréhension approfondie des contextes et cultures locales.

« Les standards sont-ils atteints partout ? Non », a déclaré Jagan Chapagain, résumant ainsi la conversation. « Mais a-t-on constaté des améliorations au cours des 20 dernières années ? Oui, tout à fait. »