« J’ai envoyé le lien de la formation en ligne Sphère à plein de collègues, parce que je trouve que cela peut leur apporter beaucoup de choses », dit Mansour Diouf. Photo © Richard Mané / Le Projet Sphère
Journaliste de formation et titulaire d’un doctorat en communications, Mansour Diouf a commencé sa carrière dans les médias. Lorsqu’il était reporter dans une agence de presse au Sénégal, son pays d’origine, il était souvent en relation avec le monde des ONG. Il s’y est donc intéressé de plus près. Quelques temps plus tard, il rejoignait Environnement et Développement du Tiers Monde (ENDA), une ONG internationale basée à Dakar.
C’est lorsqu’il a commencé à travailler pour le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qu’il est entré en contact avec le travail humanitaire. Comme il le raconte : « Cela a été une phase assez intéressante, parce que j’ai été familiarisé au plaidoyer pour les groupes vulnérables – et surtout pour les enfants, bien sûr ».
Après l’UNICEF, il a intégré la délégation régionale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), lequel couvre depuis Dakar le Sénégal, la Gambie, le Cap-Vert et la Guinée-Bissau. En sa qualité de chargé de communication, il était concerné par les principes qui régissent le travail humanitaire. De ce fait, il a rapidement découvert l’existence et l’importance des standards humanitaires.
Au détour de la newsletter électronique de Sphère, il a entendu parler du cours Le manuel Sphère en action. Il a regardé de plus près de quoi il retournait et s’est alors dit : « Bon, c’est assez sérieux, il faut prendre le temps de s’asseoir et de faire la formation ». Puis, raconte-t-il, « un jour, j’ai commencé la formation. Quand je terminais mon travail, je restais au bureau pendant deux ou trois heures pour faire les modules. Parfois je quittais le bureau à 20h00, parfois à 21h00 ».
Les standards Sphère lui semblent « non seulement intéressants, mais incontournables » dans la réponse humanitaire : « Je me demande comment on peut travailler dans le domaine humanitaire sans suivre les standards ».
Qu’est-ce qui l’a le plus intéressé dans le cours ? « Tous les modules m’ont intéressé. Mais l’esprit qui met les personnes affectées au centre, je crois que cela traverse toute la formation ».
« On sent que dans la formation Sphère, il y a un souci permanent et constant de toucher la personne affectée. De chercher à faire participer les populations affectées à la réponse elle-même. Parce que lorsque tu arrives dans une crise, tu arrives avec des solutions. Mais, dans l’esprit de Sphère, la population affectée participe elle-même à la formulation de la réponse. Elle n’est pas exclue, elle n’arrive pas en deuxième lieu, mais elle est à la base, dans la programmation de la réponse. Et j’ai trouvé cela très intéressant, parce que cela redonne beaucoup de respect à la personne qui est affectée. Cela redonne de l’importance à la dignité des personnes ».
Cette philosophie se retrouve dans le travail quotidien d’Amadou Mansour Diouf. « Au CICR, nous travaillons dans l’assistance et la protection des personnes affectées par les conflits armés et d’autres situations de violence ».
Dans le sud du Sénégal, en dépit d’un cessez-le-feu décrété l’an dernier, les forces rebelles du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) et l’armée s’affrontent encore de temps à autre. Le CICR s’emploie à entretenir des canaux de dialogue avec ces deux parties du conflit, afin de faire évoluer leur prise de conscience sur le droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la nécessité de protéger les civils.
L’un des accents du travail du CICR vise les déplacés internes, parfois localisés dans des zones du pays difficiles d’accès et qui n’ont notamment pas accès à de l’eau, à des installations sanitaires et à des services de santé. L’organisation promeut par ailleurs le développement de petits projets économiques.
Lorsque des populations longtemps déplacées retrouvent leur foyer, « tout est détruit il n’y a plus rien », raconte Diouf. Alors le CICR « les aide à refaire les maisons, à refaire les points d’eau, à aider à refaire les jardins maraîchers ».
Après avoir terminé le cours en ligne de Sphère l’été dernier, Diouf le promeut désormais. « J’ai envoyé le lien de la formation à plein de collègues et je les ai incités à aller faire cette formation, parce que je trouve que cela peut leur apporter beaucoup de choses ».
Pour lui, le cours n’est pas une fin en soi. « Il m’a donné envie de comprendre un peu plus la philosophie qu’il y a derrière le Projet Sphère. J’ai regardé les vidéos, j’ai suivi plein de choses sur le projet. À présent, je me demande comment nouer des relations avec le monde académique pour la promotion des standards Sphère. Parce qu’aujourd’hui, il y a des formations très précises pour former des compétences destinées au monde humanitaire – c’est un cadre qui existe déjà, qui peut permettre d’enseigner les standards ».
Pour Mansour Diouf, en passant d’un poste dans les médias – « un métier que j’ai choisi, que j’ai aimé et qui m’a donné beaucoup de satisfactions » – au secteur humanitaire, il a eu bien des opportunités de satisfaire sa curiosité. « Dans le monde humanitaire, on apprend beaucoup de nouvelles choses, de nouveaux outils, de nouvelles approches ».
Et en la matière, les standards Sphère sont au premier plan.
Amadou Mansour Diouf a pris part à l’ les 28 et 29 octobre 2015.
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