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Mettre les standards humanitaires au service des personnes et de l’environnement : Sphère publie une nouvelle fiche thématique

Il est absolument essentiel que le secteur humanitaire traite les questions de l’énergie et de la gestion des déchets dans un proche avenir, selon Amanda George. Photo : Kate Holt/IRIN 

 

Sphère a récemment publié un nouveau document proposant une orientation pratique aux professionnel-le-s humanitaires cherchant à inclure les questions environnementales dans leurs programmes. Il s’agit de la première d’une série de fiches thématiques qui viendront approfondir quelques-unes des problématiques centrales à l’intervention humanitaire et mettront en exergue la pertinence du manuel Sphère en la matière.

Pour mieux comprendre ce que renferme une fiche thématique et aborder plus largement les questions en lien avec l’environnement pour les humanitaires, Sphère s’est entretenue avec Amanda George, auteure de ce premier document. Professionnelle humanitaire dotée d’une longue expérience dans les domaines de l’environnement, la durabilité et l’adaptation au changement climatique, Amanda George comptait parmi les expert-e-s thématiques directement impliqué-e-s dans la rédaction du manuel Sphère, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge suédoise. Elle est actuellement consultante internationale en environnement dans le cadre de l’action humanitaire.


 

L’édition 2018 du manuel Sphère inclut de nombreuses orientations relatives au respect et à la protection de l’environnement lors de la mise en œuvre d’opérations humanitaires. En quoi cette thématique est-elle si pertinente, et pourquoi reçoit-elle tant d’attention dans le manuel ?

Je crois que la communauté humanitaire est en train de prendre conscience que l’environnement et les populations sont, en fin de compte, une seule et même chose. En tant qu’êtres humains, nous dépendons de l’environnement : nous avons besoin d’air pur et d’eau propre pour survivre. Et bien que l’impératif de sauver des vies figurera toujours en tête de nos priorités en tant qu’humanitaires, je pense qu’il est également de notre responsabilité de veiller à réduire notre impact sur l’environnement et, lorsque cela est possible, de le protéger et le restaurer de manière proactive.

Les crises humanitaires sont de plus en plus longues. Un camp de réfugié-e-s reste désormais en place 26 ans en moyenne, mais les humanitaires continuent à penser en cycles de planification très courts, notamment en raison de la difficulté d’obtenir des financements à long terme. Et pour soutenir un camp de réfugié-e-s pendant une si longue période, il faut réfléchir à l’impact de nos opérations sur l’environnement. En effet, les personnes qui y vivent, surtout dans les contextes ruraux, dépendront pendant de très longues années de cet environnement pour leur survie.

Vous avez rédigé la première fiche thématique de Sphère. Qu’est-ce qu’une fiche thématique, précisément ?

Une fiche thématique est un petit guide qui regroupe les références à un sujet donné dans le manuel Sphère, et qui les approfondit un peu plus. Il peut s’agir de simplement détailler un thème précis, ou de le développer davantage que cela n’a été possible dans le manuel.

Il est absolument essentiel de ne pas considérer l’environnement comme une question isolée et autonome, mais bien comme transversal à l’ensemble des aspects techniques des opérations humanitaires. C’est exactement ce que permet une fiche thématique, en nous offrant une vision holistique de la question.

Comment cette fiche thématique pourra-t-elle aider les travailleurs et travailleuses humanitaires ?

Je pense que cette fiche thématique est un bon point de départ pour l’ensemble des humanitaires qui souhaitent prendre l’environnement en compte dans leur travail. La fiche adopte, par exemple, une approche pratique du cycle des programmes humanitaires. Elle suggère, pour chacune des phases d’un programme, des actions clés permettant d’en réduire l’impact sur l’environnement et de parvenir à une programmation humanitaire plus durable et responsable.

En quoi les opérations humanitaires constituent-elles une menace pour l’environnement ?

J’ai récemment eu l’occasion de voir un projet humanitaire qui cherchait à créer des abris plus pérennes pour une population déplacée de taille conséquente. L’agence en charge du projet prévoyait d’acheter des fours à briques pour la fabrication des briques nécessaires à la construction de maisons, créant par là même une activité de subsistance pour la population touchée. Cela peut paraître sensé, sauf si l’on sait qu’il faut en moyenne 20 arbres pour construire cinq petites maisons en briques cuites. Or ce projet était mis en œuvre dans un contexte déjà fortement frappé par la déforestation, dont les conséquences sont la dégradation de la qualité de l’eau et l’aggravation des inondations. Ceci illustre l’importance de prendre en compte l’impact environnemental au moment de la planification et du déroulement d’une intervention humanitaire.

Pensez-vous que d’autres sujets en lien avec l’environnement nécessiteraient la production d’une nouvelle fiche thématique ?

L’environnement est un sujet très vaste. Il y aurait ainsi plusieurs autres questions à aborder plus en détails. Je pense notamment à l’énergie et à la gestion des déchets. Ces deux questions sont souvent négligées, car elles sont en lien avec plusieurs autres problèmes et ne sont véritablement de la responsabilité d’aucun secteur en particulier.

Quels sont les défis environnementaux les plus importants auxquels le secteur humanitaire sera confronté au cours des cinq à dix prochaines années ?

Je pense que l’un de ces principaux défis portera, à nouveau, sur l’énergie et la gestion des déchets. Il existe plusieurs initiatives très intéressantes sur la promotion des énergies propres, mais le secteur humanitaire ne les prend pas encore systématiquement en compte. Utiliser la biomasse comme combustible, par exemple, est l’un des principaux facteurs de la déforestation, et ce particulièrement lorsque la demande est déjà forte au niveau des matériaux de construction et que ces pressions ne sont pas prises en compte, ni atténuées de manière coordonnée.

Je pense que les donateurs et donatrices seront, à l’avenir, plus exigeant-e-s en termes de respect de l’environnement par les opérations humanitaires. Je remarque déjà qu’un nombre croissant d’agences élaborent des politiques environnementales et se penchent sur la manière de les mettre en application. Je pense que Sphère jouera un rôle clé dans ce processus-là aussi. Il serait important, dans le cadre de la prochaine révision du manuel, d’élaborer un nouveau standard sur l’environnement qui ne soit lié à aucun chapitre en particulier, et s’applique plutôt de manière transversale à tous.